C’est peut être d’ailleurs un des problèmes du statut d’auto entrepreneur, qui n’est pas lié d’ailleurs au fait d’entreprendre en lui même, mais dans l’effet pervers que tu cites.
Ce qui est critiquable, à ce que je comprend, c’est la précarisation de ce type de statut quand il est détourné de son but premier : à savoir qu’en tant qu’autoentrepreneur, tu n’es pas protégé par les dispositions du droit du travail qui te sont acquises normalement par le biais de ton contrat de travail (contre le licenciement – ici la perte d’activité?) .
J’ai des amis (oui, j’ai des amis chefs d’entreprise, comme quoi on peut être un vil gôchisse et frayer avec le capital;) qui font tourner des petites boîtes, et qui pour subvenir à leur besoin de main d’œuvre ponctuelle (type opérateur de saisie ou enquêteur téléphonique) font appel exclusivement à des autoentrepreneurs, alors qu’ils pourraient faire appel à de l’interim ou des contrats courts de type CDD.
De la bouche même de mon ami , c’est plus simple ainsi de gérer les fluctuations de la charge de travail : si il y a moins de boulot, il fait appel à moins de prestataires.
Parce qu’au fond, le problème qui se pose est celui-ci : au lieu d’employer des gens, on contracte avec des prestataires, ce que tu illustres dans le cas de l’artisan.
Que quelqu’un se déclare autoentrepreneur et crée une activité productive qui pourrait être celle d’une entreprise d’une forme plus traditionnelle, en bénéficiant d’une simplification des lourdeurs administratives, tant mieux ! J’en ai caressé l’idée pour différents types de travaux de relectures ou de traductions – comme quoi on peut être gôchisse et pas systématiquement taper sur les entreprises;)
Mais qu’un emploi qui par sa nature est un emploi salarié se mue en relation de type client-fournisseur, c’est bien le problème. Déjà que la relation employé(e)-employeur est assymétrique, la relation client-fournisseur peut se révéler un vrai cauchemar …
Je ne dis pas que le statut d’autoentrepreneur est mauvais.
Je dis plutôt qu’il faut faire attention à ce qu’il ne devienne pas le nouveau mode de relation précaire généralisé aux « emplois de services ».